Diatomites de Combier, 21 janvier 2023, SGA

Cette première sortie SGA de l’année a bénéficié de bonnes éclaircies ensoleillées, malgré un froid vif. Il y a eu 7 participants en plus de  Daniel NARDIN qui guidait.

Un premier arrêt à coté du RDV dans la zone commerciale a permis de voir les alternances en bancs décimétriques de marnes et de calcaires d’age l’oxfordien.
Cela permet d’évoquer les causes peut être climatiques-astronomiques de ces alternances  de dépôts plus ou moins argileux donc plus ou moins profonds. Sur un site similaire vu en sortie SGA 2022, chaque doublet marne calcaire est interprété comme correspondant à un cycle de précession des équinoxes., d’environs 23 0000ans.

100m à l’est,  l’existence d’un affleurement de calcaires blancs d’age kimmérigien, non repris par la CG Privas, témoigne d’un abaissement du bloc à l’est, donc de failles dans le secteur qui décalent en « touche de piano » NS le terrain 

Carte de localisation du site et du circuit réalisé (fond IGN)

Le 2e arrêt face au ball trap de Privas montre toujours un affleurement situé dans les alternances de marno calcaire d’age oxfordien.
Ils sont traversés par un dyke basaltique repèré par André Rey.

Dyke photographie Jean François CUTTIER
Dyke photographie André REY
Bloc avec contact basalte du dyke/calcaire ph. J.F. CUTTIER

Les murs le long du ball trap sont faits de blocs de basalte, nombreux dans le lit du ruisseau de combier qui est dominé par les rebords du plateau basaltique du Coiron.

Le 3e arrèt au hameau de Combier permet de voir un très gros bloc éboulé de basalte avec une prismation visible. Les batiments sont construits très majoritairement avec des blocs de basalte. Mais des encadrements de fenètres sont en grès du trias taillé.

Au premier virage en épingle (4) affleurent des calcaires blancs du kimméridgien. Nous avons donc une série sédimentaire calcaire qui s’est formée  de -160 à -150 millions d’années.

affleurement 4, photographie Jean François CUTTIER

Au départ de l’épingle suivante (5), nous avons observé des tufs volcaniques ou tephras.
Ce sont des roches formées par des éléments de différentes tailles projetés par des explosions liées à un volcanisme phréato magmatique.
On note en particulier des blocs calcaires de taille décimétrique qui ont été arrachés à la paroi de la cheminée volcanique.
Des éléments sphériques en couches concentriques correspondent à des blocs de laves altérés.
La matrice est fomée d’éléments fins, sableux de cendres volcaniques. Il faut imaginer des éruptions volcaniques il y a 8 millions d’années, au miocène.

bloc vers le point 7 photographie André REY

Nous avons effectué à partir de ce point une petite marche qui nous a mené vers les anciennes exploitations de diatomites (6). Ces carrières sont maintenant envahies par la végétation. Mais la trace des exploitations reste bien visible avec des creux allant bien en contrebas de l’ancien chemin, ceci sous les falaises de basalte du « Ranc rouge ».

Les diatomites de ces carrières sont plutot des argiles grises riches en diatomées. La loupe ne permet de voir que des points brillants dans une matrice grise. Il suffit de gratter ces marnes au dessus d’une goutte d’eau sur une lame et de  recouvrir d’une lamelle pour observer au microscope. Mais il est possible de laver aussi ces roches pour faire des préparations propres.

Cyclotella sp. photographie Daniel NARDIN
Voici  une image au microscope d’une des diatomées du genre Cyclotella qui constituent en grande partie les roches de la carrière du Combier. Il s’agit d’une espèce « centrique » dont le squelette a une symétrie radiale. Ce squelette appelé frustule, est fomé de 2 valves s’emboitant, comme une boite de camenbert avec le contenu cellulaire à l’intérieur.

Entre les éruptions, des lacs de cratères ont permis la vie de ces algues microscopiques et la sédimentation de leur squelette.

L’exploitation industrielle de ces diatomites a commencé en 1910. L’entreprise Boutillon fabriquait des briques réfractaires. En 1928, un cable aérien transporteur a été construit pour relier les carrières à l’usine située dans la vallée à Alyssas. L’exploitation s’est arrètée dans les années 1980, mais l’usine de briques réfractaire d’Alyssas, située juste derrière l’hyperU actuel,  a continué de fonctionner jusqu’en 2009 avec de la perlite importée de Grèce.

En 7, d’autres carrières montrent la mème argile à diatomées à l’affleurement.  
Le long du chemin, de gros blocs de basalte prismés éboulés de la taille d’une maison parfois sont visibles.
Au retour, le bord de route (8) montre une coulée de Basalte
La synthèse des observations apparait sur cette coupe très  schématique

On peut retenir de cette visite le caractère non durable de toute exploitation minière: ici le gisement a été exploité en un demi siècle…
Le gisement de diatomite plus riche de Saint Bauzille, découvert en 1950, sera complètement rasé dans quelques dizaines d’années…

Coupe Schématique auteur Daniel NARDIN

Les anciens clichés IGN  permettent de juger de l’extension des carrières en 1959, avant le retour de la végétation. Par ailleurs, le tracé de la route a été déplacé depuis.

couple stéréoscopique du hameau de Combier aux rochers de Rancs rouge, réalisé par Daniel NARDIN à partir de recadrages de clichés IGN
Bibliographie :
  • carte géologique de la France au 1/50000e, feuille de Privas
  • « De la diatomite d’Alyssas … aux briques isolantes » Yves Carles et Marie-Jo Volle, N°134, spécial Alyssas de MATP, pages 57-60
  • site https://remonterletemps.ign.fr/ clichés de la mission 1959-08-26
Daniel NARDIN