18 mars 2023 sortie SGA, La coupe d’Aizac :


Photo 1 (Chataigneraie et château d’eau pour alimentation en eau potable de Aizac)



Nous démarrons du col d’Aizac à 642 m.
Nous irons proche du sommet 808 m en privilégiant comme toujours la photographie plûtot que la collecte.
Le chemin longe des châtaigneraies privées et une forêt domaniale .

La coupe d’Aizac est un cône strombolien égueulé « parfait ». Il se repère facilement dans le panorama depuis Aizac.

L’itinéraire est jalonné de pupitres permettant de découvrir le volcan, ils ont été réalisés par le parc naturel des monts d’Ardèche .

L’étude des jeunes volcans d’Ardèche menée par Emmanuel Berger propose pour la Coupe d’Aizac un âge voisin de 80 000 ans (Berger 1981). Depuis les méthodes utilisées ont montré leur limite tant pour le Carbone 14 que la thermoluminescence. Enfin des datations K–Ar et AR40/ AR39 ont donné récemment d’autres résultats (31 000 ans +ou -4000) ce qui n’est pas très cohérents avec les résultats obtenus par thermoluminescence ni avec les datations faites sur des cendres volcaniques retrouvé et daté dans des contextes sédimentaires Rappelons que dans l’article « Qui a vu quoi » de JP Raynald et E Defive, paru dans le bulletin n°13 de la SGA, ces derniers nous proposent d’en rester pour le moment à une carte précisant les phases mais pas les âges absolus.

La roche présente au col et dans la première partie du parcours ressemble à du granite, il s’agit d’une migmatite ou d’un granite migmatitique : la fusion n’a pas été parfaite. La roche est très altérée : le « granite » altéré devient du sable, mêlé à de l’argile, appelé localement le « sisa » (gore en Nord-Ardèche). Ce « sable » fut utilisé, mélangé à la chaux ou au ciment, dans les enduits ou comme liant pour le bâti. Ces zones sableuses, entourées de granite plus massif, servent de réservoir pour les eaux d’infiltration : la circulations lente de l’eau dans ces sables permet une bonne filtration : ainsi en montant vers le volcan, nous longeons le périmètre de protection du captage des eaux d’alimentation du village d’Aizac.




(photo 3 sur les pentes du volcan la RTM)

Sur l'ensemble du territoire national, l'explosion démographique du XVIIe siècle, la montée en puissance de l'industrie ont fait chuter le taux de boisement de la France au niveau le plus bas de toute son histoire au milieu du XIXe siècle. Surpâturage et passage répété du feu pastoral ont fini de dénuder les sols. A cette époque, dans les années 1850, la France subit plusieurs grandes crues aux effets catastrophiques. Sous l'impulsion d'hommes comme Alexandre SURELL le gouvernement promulgue une loi sur le reboisement des montagnes en 1860. " Tout terrain dont l'état du sol détermine des dangers pour les terrains inférieurs doit être reboisé ".

La loi de 1882, sur la Restauration et la conservation des Terrains en Montagne (R.T.M.) structure ce service des Eaux et Forêt et proportionne les actions à entreprendre à la gravité des phénomènes dûment constatés. Par voie d'acquisition ou d'expropriation, avec des subventions et des indemnisations, il va être créé des périmètres de reboisement. En Ardèche plusieurs cônes volcaniques donneront ainsi lieu à des plantations dès 1895. Ce volcan constitue maintenant la Forêt Domaniale de la Coupe d’Aizac.


(photo 4 paquets de lave)

(photo 5 les bulles sont étirées lors du trajet de lave )

(photo 6 bombe en fuseau avec un cœur de granite)

photo7
    

En poursuivant la balade, nous arrivons dans un talweg qui matérialise la limite entre le socle et le cône volcanique ici des roches noires légères et pleines de trous sont bien visibles sur le chemin, les « pouzzolanes » Ici c’est le périmètre de protection de « la source du volcan » , captage d’une eau gazeuse


Poursuivons la montée nous arrivons à l’égueulement du cratère. Sur les flancs du volcan le sol est ingrat, peu épais et très drainant,: les forestiers ont choisis de planter des pins noirs pour tenir le sol et lutter contre l’érosion.  Ce n’est pas une forêt naturelle : le Pin laricio de Corse et le pin noir d’Autriche forment l’essentiel du reboisement mais on trouve aussi le Pin sylvestre, - des essences feuillues comme le Chêne sessile, le Hêtre, le Châtaignier.tous plantés dans le cadre de la restauration de terrains en montagne c’est la R.T.M.

Notre balade nous permet d’observer la constitution du cône de projections : le dynamisme de la Coupe d’Aizac est proche de celui du Stromboli. La remontée d’un magma basaltique riche en gaz entraîne des explosions. Les projections de lave se déposent autour de la bouche du volcan et s’agglomèrent pour former un cône constitué d’une roche tendre et bulleuse de couleur noire que l’on appelle pouzzolane( de Pouzzoles près de Naples). La plupart du temps les cônes stromboliens sont constitués d’une alternance de couches de projections et de coulées de lave.
Parfois, la lave éjectée tournoie dans les airs et refroidit en prenant d’étranges formes : ce sont des bombes volcaniques. Ces fragments de lave déjà solidifiées se brisent en arrivant sur les sols en de multiples fragments appelés scories. L’intérieur de ces projections ressemble à une éponge, il présente de nombreuses vacuoles, dont chacun d’entre eux correspondant à une bulle de gaz volcanique piégée lors du passage à l’état solide. . L’extérieur, refroidi plus rapidement, est lisse ; il peut présenter d’étranges formes qui traduisent l’étirement de la lave en cours de refroidissement.









Plus loin les projections ne sont pas soudées les unes aux autres. La couleur des roches est plutôt noire, typique des projections basaltiques dite de « bas de cône », car elles s’accumulent loin du cratère. Là où la température est moindre, l’oxydation du fer est moins poussée, on obtient des oxydes de fer « ferreux » qui teintent la roche en noir.

Dans cette zone il n’est pas rare d’observer inclus dans les projections des petits fragments de granite ou de roche verte ou rouge (la péridotite) : il s’agit d’enclaves de roches à l’état solide dans la lave en fusion.




 Les granites, situés initialement sous le volcan sont arrachés à la paroi de la cheminée par la remontée du magma, on dit que le volcan ramone sa cheminée. La péridotite témoigne également de l’ascension du magma : issue du manteau terrestre elle témoigne de l’origine profonde des magmas ardéchois qui trouvent leur origine dans le manteau supérieur, à plus de 50 km de profondeur. La péridotite, roche verte, formée de péridots, minéraux très riches en fer et magnésium, est à l’état solide dans le manteau supérieur. C’est la fusion partielle (quelques %) de celle- ci qui donnera naissance au magma de composition basaltique de nos jeunes volcans d’Ardèche.




Dernière pause avant la descente : à l’intérieur du volcan on observe de petites coulées de lave très rouges, des formes qui traduisent une grande fluidité de la lave et font penser à des fontaines de lave. Elles alternent avec des projections de type scories, plus riches en gaz. Les couleurs rouges traduisent une oxydation plus poussée du fer et donc la présence d’oxyde ferrique elle traduit la proximité avec le point de sortie : rouge, couleur « cœur de cône ».


Antraïgue, un village entouré par une coulée
arret 2 parking La coulée à la cascade de l’Espissard



(photo 8 devant la cascade à sec)

Sous la cascade en face de vous qui est plus souvent « à sec » qu’en eau on observe une belle coupe de la coulée nous sommes ici à la confluence de la vallée du Fuel et de la Volane . La coulée a suivi le vallon du Fuel depuis la coupe d’Aizac jusqu’à la confluence avec la Volane, vallée qu’elle a descendu jusqu’à Vals les Bains.

Comment comprendre cette falaise en trois parties ?

Lorsque la lave est dégazée, celle ci s’écoule du cratère ou des flancs du cône à une vitesse pouvant atteindre 5Okm/h et sur une distance de plusieurs dizaines de kilomètres. Le refroidissement de cette coulée dure de quelques jours en surface à quelques mois voire plusieurs années dans la masse. S’écoulant sur un substratum mauvais conducteur de chaleur, la lave se refroidit lentement, passant d’une phase « liquide » à une phase solide. Ce passage s’accompagne d’une diminution de volume d’où l’apparition de fentes de retrait, celles ci s’organisant spontanément en un réseau hexagonal moins consommateur d’énergie. La régularité du gradient de refroidissement explique la géométrie de la partie inférieure de la coulée ou vraie colonnade (=orgues basaltiques).

La partie supérieure de la coulée, au contact de l’air, se refroidit plus rapidement, et les prismes sont plus grossiers c’est la fausse colonnade. Au milieu une troisième structure est visible : l’entablement de faux prismes, elle correspond à la partie qui refroidit en dernier.

Pour que le refroidissement génère des prismes il faut que la coulée stagne : l’extension vers le nord de cette coulée dans les vallées du Mas et de la Bise comme pour la Volane indique que la lave a reflué vers l’amont, phénomène qui se produit lorsqu’un obstacle perturbe son écoulement vers l’aval ; derrière ses « barrages » la lave s’accumule là le refroidissement est donc particulier.

La lave avait entièrement remplie les vallées autour d’Antraigues, les rivières Volane, Bise et le Mas ont recreusé leur lit en créant de grandes entailles dans la coulée.


Apres le pique-nique

Le route passe au pied de la coulée en face des terrains de tennis et au dessus du point de baignade , comme précédemment on voit là une très belle coulée de basalte : les trois parties sont bien visibles. C’est bien encore ici la coulée d’Aizac qui a reflué dans la Bise et le Mas car l’étroitesse de la vallée de la Volane, n’a pas permis au flux de lave de s’évacuer correctement vers l’aval.

Ici la fausse colonnade prend d’étranges formes qui nous permettent de faire des hypothèses sur le refroidissement et son lien avec la rivière

           

Photo 9

Photo 10               

L’Ardèche est particulièrement riche en eau gazeuse minérale, mais toutes ne sont pas en relation directe avec le volcanisme. La circulation de ces eaux riche en gaz carbonique dans des fissures étroites et tortueuses entraine d’étranges phénomènes de sources intermittentes voire de véritable geyser comme à Vals les bains. Ces eaux enrichies en CO2 sont acides et vont pouvoir dissoudre certains minéraux des roches et seront à la fois minérale et gazeuse. la « Reine des basaltes » et la source « Vernet » sont parmi les moins chargé en minéraux. Les autres, comme l’eau de Vals ou de Neyrac par exemple, sont très chargés : elles seront classées dans les «eaux thermales ».


Si Au vu de cette source gazeuse intermittente et de ses dépôts ferrugineux on comprend qu’on peut décanter ce type d’eau pour obtenir des boues riches en minéraux, utilisées ensuite pour les soins comme à Neyrac D’autre part après décantation, on regazéifie l’eau minérale, ainsi « allégée », avec du CO2 pour éviter les dépôts dans les bouteilles d’eau gazeuse commercialisées.

Arret 5 Genestelle photo 11

Au dessus de la route affleurent des énormes blocs de roches métamorphiques emballés dans des dépôts plus fins extrêmement riche en petits éléments de basaltes on y trouve aussi quelques mini bombes en choux fleurs caractéristiques du phréatomagmatisme : nous sommes possiblement au cœur d’un immense cratère de maar jusqu’ici encore inconnu et non matérialisé sur les cartes.(Merci à JC Prévost son découvreur).

Arret 6 photo 12 Dans l’épingle ( de la montée à Aizac ) proche du pont de l huile, nous terminons la journée devant une belle coupe

  • des dépôts très fins caractéristiques des dépôts de maars

  • surmontés par une couche d’alluvions, de gros galets bien ronds

  • par-dessus une grosse couche de colluvions mélange d’éboulis de pente et de sol

Nous examinons de très près les cendres et lapilli photo 13


Arret 5 Genestelle photo 11



Arret 6 photo 12

cendres et lapilli photo 13